Dans l’embarras, telle est l’expression exacte pour qualifier Pierre Perret si on lui demande une suite pour sa chanson culte. De toute évidence, « Les Jolies Colonies de vacances » peinent à résister au temps. L’âge d’or de ces camps d’été semble même bel et bien révolu.
Toute une histoire
Tantôt populaires, tantôt un rien démodées, les colos ont marqué les vacances des Français pendant des décennies.
À dire vrai, ces camps de vacances ont été initiés dans les confins de la Suisse. L’idée a germé dans l’esprit du Pasteur Hermann Walter Bion alors qu’il était témoin de la santé précaire des enfants issues de familles pauvres de Zurich. Afin que ces malheureux puissent se ressourcer dans la nature, il les envoya chez des paysans à Appenzell. Les colonies de vacances étaient nées.
Plus précisément, 68 enfants ont eu droit à ce privilège en 1876. Marquant le début d’une belle aventure à l’échelle internationale. Pour sa part, le Pasteur Théodore Lorriaux a introduit le même concept en France vers 1882. Considéré comme « le père des colonies de vacances », Edmond Cottinet a préféré adopter une tout autre approche. Pour lui, des professionnels doivent encadrer les enfants. D’où la naissance des camps d’été que nous connaissons tous à présent.
Depuis, ces programmes de loisirs éducatifs ont rencontré un succès phénoménal et connu de beaux jours. Dans les années 1960, près de 4 millions de mineurs français partent en colonie. Souvent, afin de voir la montagne ou la mer pour la toute première fois. Néanmoins, le pic de fréquentation des colos est atteint en 1994 quand 14% des Français âgés de 5 à 19 ans ont opté pour un séjour de vacances.
La fin des colos est-elle proche ?
Au fil du temps, le départ en colonie a chuté progressivement. Entre 2013 et 2014, plus de 1 million d’enfants français ont rejoint ces structures. Un nombre plutôt inquiétant comparé à celui de 1960. Malgré les campagnes de sensibilisation gouvernementales, les chiffres n’ont pas cessé de baisser les années suivantes.
De son côté, la pandémie de Covid-19 n’a pas facilité le redressement du secteur. Résultat, l’intérêt pour ces centres d’accueils collectifs a dégringolé de 53% en un an (de 2018-2019 à 2019-2020). Ainsi, le coronavirus est pointé du doigt pour le déclin des colonies de vacances. Pourtant, ce n’est pas l’unique responsable de cette évidence.
La situation s’expliquerait surtout par le fait que l’essence même des colos n’est plus d’actualité. Auparavant, ce genre de structure était destiné aux enfants pauvres. De nos jours, il faut payer en moyenne 400€ à 600€ par semaine pour un séjour. Un prix que seule la classe sociale favorisée peut s’offrir.
Cela dit, si les vacanciers manquent à l’appel, les animateurs brillent eux aussi par leur absence. De moins en moins de Français s’intéresse à cette carrière professionnelle, notamment à cause des salaires de misère et de la précarité qui en résulte. Ajoutons encore que les activités proposées ne correspondent plus aux attentes de certains parents qui, désormais, entendent bien mettre leur grain de sel dans le détail des séjours. Pour toutes ces raisons et tant d’autres, il y a de plus en plus de structures de colos à vendre et de moins en moins de groupes de petits gars de la Rhodiacéta sur les routes de montagnes ou en bord de mer, l’été.